Poèmes de John Keats (1795-1821 )
Cette main vivante, à présent chaude et capable
D’ardentes étreintes, si elle était froide
Et plongée dans le silence glacé de la tombe,
Elle hanterait tes journées et refroidirait tes nuits rêveuses
Tant et tant que tu souhaiterais voir ton propre cœur s’assécher de son sang
Pour que dans mes veines coule à nouveau le flot rouge de la vie,
Et que le calme revienne dans ta conscience – regarde, la voici, –
Je te la tends.
Hypérion
Extrait du livre premier
Tout au fond de la tristesse d'une obscure vallée,
Dans une retraite éloignée de la brise vivifiante du matin,
Loin de l'ardent midi et de l'étoile solitaire du soir,
Etait assis Saturne aux cheveux gris, immobile comme un roc,
Aussi muet que le silence planant autour de son repaire ;
Forêts sur forêts s'inclinaient autour de sa tête
Comme nuées sur nuées. Aucun souffle dans l'air,
Pas même autant de vie qu'il n'en faut un jour d'été,
Pour faire envoler de l'herbe effilée la graine la plus légère ;
Où la feuille morte tombait, là elle demeurait.
Un ruisseau coulait à côté sans voix, dont le susurrement était encore assourdi
Par respect pour la divinité déchue
Qui projetait une ombre sur lui : une Naïade parmi ses roseaux
Pressait son doigt humide appuyé sur ses lèvres.
Le long du sable de la rive, de larges empreintes étaient marquées,
Aussi loin que les pieds du dieu avaient marché,
Puis s'étaient fiés là. Sur le sol détrempé
Sa main droite ridée reposait inerte, nonchalante, morte,
Privée de son sceptre ; et ses yeux de souverain détrôné étaient clos ;
Tandis que sa tête penchée semblait écouter la terre
Son antique mère, attendant d'elle quelque consolation encore.
Il semblait qu'aucune force ne pût le faire mouvoir de sa place ;
Cependant vint là quelqu'un, qui d'une main familière
Toucha ses vastes épaules, après s’être courbé très bas
Avec déférence, quoique ce fût pour quelqu'un qui ne la connaissait plus.
C'était une déesse du monde à son enfance ;
Auprès d'elle la stature de l'énorme Amazone
Aurait paru de la taille d'un pygmée : elle eût saisi
Achille par la chevelure et lui eût ployé le cou,
Ou, d'un doigt, eût arrêté la roue d'Ixion.
Sa face était grande comme celle du Sphinx de Memphis,
Hissée sur quelque piédestal dans la cour d'un palais,
Lorsque les sages étudiaient 1'Egypte pour s’instruire.
Mais, oh ! comme cette figure différait du marbre !
Quelle beauté ! si la tristesse n'avait pas rendu
La tristesse plus belle que la Beauté elle-même !
Il y avait dans son regard une crainte aux aguets,
Comme si le malheur venait seulement de la frapper :
Comme si les nuages, avant-gardes des jours néfastes.
Avaient épuisé leurs maléfices et les arrière-gardes acharnées
Allaient amasser péniblement leurs provisions de tonnerres.
D'une main elle pressait le point douloureux
Où bat le cœur humain, comme si juste là
Quoique immortelle, elle ressentait une cruelle souffrance :
L'autre main sur le cou penché de Saturne
Était appuyée, et au niveau de son oreille
Tendant ses lèvres ouvertes, elle proféra quelques mots
D'un ton solennel, avec la sonorité profonde de l'orgue :
Quelques mots désespérés qui dans notre faible Iangue
Se traduiraient à peu prés en ces ternes – O combien frêles
En comparaison de la puissante voix des Dieux primitifs ! –
« Saturne, relève la tête ! Cependant pourquoi. Pauvre vieux Roi ?
Car je n'ai pas de Consolation pour toi, non, je n'en ai pas :
Je ne peux pas dire : Oh pourquoi dors-tu ?
Puisque le ciel s'est séparé de toi, et que la terre
Ne te reconnaît plus, dans cette affliction, pour un Dieu :
L'Océan, aussi, avec son bruit solennel,
A rejeté ton sceptre, et toute l'atmosphère
Est vide de ta majesté surannée.
Ta foudre, sachant qui commande maintenant,
Gronde contrainte au-dessus de notre demeure en ruine,
Et ton éclair éblouissant entre des mains inexpérimentées
Dévaste et brûle notre domaine autrefois paisible.
Ô douloureuse époque ! Ô minutes longues comme des années !
Tout, pendant que vous passez, accroit la monstrueuse vérité,
Et comprime tellement nos horribles angoisses
Que l'incrédulité n'a plus de champ pour respirer.
Saturne, continue à dormir – Oh ? pourquoi, étourdiment ai-je ainsi
Violé ton sommeil solitaire ?
Pourquoi ai-je rouvert tes yeux mélancoliques ?
Saturne, continue à dormir ! tandis qu’à tes pieds je pleure ! »
j'ai vu le film "bright star" l'hitoire émouvente de la vie de john keats pleine de poesieOui c'est vrai Super film : Bright StarSuper artiste, je suis complétement FAN
l'un des plus grands romantique que la terre n'est jamais portée
ON LISANT CETTE DÉLICATESSE JE VOIE CETTE BEAUTÉ DÉCRITE A TRAVERRE CES MOTS CA FAIT RÊVÉE ET CA FAIT REVIVRE...MERCI KEATS