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arcaneslyriques
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Cercle littéraire "Arcanes Lyriques" retranscription des réunions.
Catégorie :
Blog Littérature
Date de création :
13.07.2007
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16.11.2011

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Poèmes d'auteurs classiques

Et maintenant nuit...

Publié le 24/11/2010 à 10:38 par arcaneslyriques
Et maintenant nuit...
Et maintenant nuit ...


De Max Elskamp (1862-1931)


Et maintenant nuit
Qui vient étoilée,
Et lune qui luit
Dans le ciel montée,

C'est dans le sommeil
La vie qui se tait,
Lumières qui veillent
Aux maisons fermées,

Rideaux descendus
Et volets baissés,
Et pavés à nu
Lors tus et muets.

Or silence en l'ombre,
Finie la journée,
C'est le jour allé
Comme nef qui sombre,

Et le fleuve au loin
Là-bas et qui chante
En les heures lentes,
Puis dans l'air marin

Le vent lors aussi
Suivant sa coutume,
Sur les toits qui fument
Qui passe transi.

Or comme il en est
Lors des choses dites,
En l'oubli qui naît
Des heures allées,

Dans le temps donné
Que la vie nous quitte,
En la rue tacite,
C'est la nuit qui paît,

Dans ta rue Saint-Paul,
Celle où tu es né,
Un matin de Mai
À la marée haute,

Dans la rue Saint-Paul,
Blanche comme un pôle,
Et dont tu fus l'hôte,
Pendant des années.



Peinture: Nuit étoilée de Vincent Van Gogh (1853-1890)


Je t'apporte, buisson de roses funéraires

Publié le 27/10/2010 à 17:48 par arcaneslyriques
Je t'apporte, buisson de roses funéraires
Je t'apporte, buisson de roses funéraires


De Charles Guérin (1873- 1907)


Je t’apporte, buisson de roses funéraires,
Ces vers, à toi déjà lointaine et presque morte,
Ô douloureuse enfant qui passes dans mes rêves ;
Moi qui t’ai vue heureuse et belle, je t’apporte
Ces vers, comme un bouquet de lys sur ta beauté.
Tu sus trop tôt que l’homme est âprement mauvais,
Et le sel de la vie à ta bouche est resté.
Ton sourire autrefois s’ouvrait en ciel de mai,
Et les voiles de tes paupières renfermaient
Des prunelles d’azur pareilles sous les cils
A des vierges en fleur dans l’ombre nuptiale.
Et quelqu’un te laissa solitaire, Ariane,
Sur la grève, vouée à l’éternel exil !
La chaude volupté qui couvait dans ta chair
Trempait d’un flot de pourpre ardente et magnifique
Ton teint si délicat qu’il semblait tissé d’air,
Et ton âme faisait frémir tes lèvres fines.
Je t’ai secrètement aimée, ô pauvre fille,
Dans tes heures de joie, à tes heures de peine
Surtout, et j’ai pitié de toi puisque je t’aime.
Ces vers voudraient pleurer la splendeur de ton corps
Qui ne connaîtra pas l’amour : accepte-les,
Et dans ton morne exil sois longtemps belle encor,
Comme un joyau royal dans un coffre scellé.
Adieu, tu ne peux pas m’aimer, tu ne dois pas
Savoir… J’aurais voulu m’endormir dans tes bras.
Hélas ! il faut pourtant recommencer à vivre !
Adieu, mélancolique enfant, âme automnale.
Ciel du soir traversé de colombes plaintives,
Ô belle et douce et pure et solitaire femme.

Le dernier chant

Publié le 09/06/2010 à 16:34 par arcaneslyriques
Le dernier chant
Le dernier chant


Pierre François LACENAIRE (1800-1836)



En expirant, le cygne chante encor,

Ah laissez-moi chanter mon chant de mort !...


Ah laissez-moi chanter, moi qui sans agonie

Vais vous quitter dans peu d'instants,

Qui ne regrette de la vie

Que quelques jours de mon printemps

Et quelques baisers d'une amie

Qui m'ont charmé jusqu'à vingt ans !...


Salut à toi, ma belle fiancée,

Qui dans tes bras vas m'enlacer bientôt !

A toi ma dernière pensée,

Je fus à toi dès le berceau.

Salut ô guillotine ! Expiation sublime,

Dernier article de la loi,

Qui soustrais l'homme à l'homme et le rends pur de crime

Dans le sein du néant, mon espoir et ma foi.


Je vais mourir... le jour est-il plus sombre ?

Dans les cieux l'éclair a-t-il lui ?

Sur moi vois-je s'étendre une ombre

Qui présage une horrible nuit ?

Non, rien n'a troublé la nature.

Tout est riant autour de moi,

Mon âme est calme et sans murmure,

Mon coeur sans crainte et sans effroi

Comme une vierge chaste et pure.


Sur des songes d'amour je m'appuie et m'endors,

Me direz-vous ce que c'est qu'un remords ?


Vertu, tu n'es qu'un mot, car partout sur la terre

Ainsi que Dieu je t'ai cherchée en vain !

Dieu ! Vertu ! Paraissez, montrez-moi la lumière !

Mon coeur va devant vous s'humilier soudain.

Dieu ! Mais c'est en son nom qu'on maudit, qu'on torture

Celui qui l'a conçu plus sublime et plus grand ?

La vertu !... n'est-ce pas une longue imposture

Qui dérobe le riche au fer de l'indigent ?

On n'en demande pas à l'opulence altière,

On en dispense le pouvoir,

Le pauvre seul est tenu d'en avoir.

Pauvre à toi la vertu ! Pauvre à toi la misère.


A nous le vice et la vie à plein verre !

Vous ! Mourez sans vous plaindre : est-ce pas votre sort ?

Mourez sans nous troubler ou vous êtes infâmes.

J'ai saisi mon poignard et j'ai dit, moi : de l'or !...

De l'or avec du sang... de l'or et puis des femmes

Qu'on achète et qu'on paye avec cet or sanglant.

Des femmes et du vin... un instant je veux vivre...

Du sang... du vin... l'ivresse... attendez un instant

Et puis à votre loi tout entier je me livre...

Que voulez-vous de moi ? Vous parlez d'échafaud ?

Me voici... j'ai vécu... j'attendais le bourreau.



La Conciergerie, 28 novembre.


Peinture : "The Silence" de Johann Heinrich Füssli (1741-1825)


Poèmes d'Iwan Gilkin

Publié le 12/05/2010 à 10:36 par arcaneslyriques
Poèmes d'Iwan Gilkin
Iwan GILKIN (1858-1924)


Symbole


Voici qu'à l'horizon coule un fleuve de sang.
De sa pourpre lugubre et splendide il inonde,
Sous les cieux consternés, l'orbe muet du monde,
Où l'horreur d'un grand meurtre invisible descend.

Ainsi qu'au lendemain des épiques désastres
Pour les princes vaincus on drape l'échafaud,
La Nuit, sur le zénith, debout comme un héraut,
Étend l'obscurité de son deuil larmé d'astres.

Exsangue et phosphoreuse, ô tête dont la chair
A gardé la pâleur et le froid de l'épée, -
Lumineusement roule une lune coupée
Dans le silence noir et la terreur de l'air.

Rien ne s'anéantit. Tout ce qui fut, persiste.
Les crimes d'ici-bas renaissent dans les cieux.
Ce soir, dans le palais aérien des dieux,
Hérodiade a fait décoller Jean Baptiste.




La capitale


L'énorme capitale est un fruit douloureux.
Son écorce effondrée et ses pulpes trop mûres
Teignent opulemment leurs riches pourritures
D'ors verts, de violets, et de roux phosphoreux.

Lâchant un jus épais, douceâtre et cancéreux,
Ses spongieuses chairs fondent sous les morsures,
Et ses poisons pensifs font germer les luxures
Et les péchés malsains dans les cerveaux fiévreux.

Tel est son goût exquis, tel son piment bizarre,
- Gingembre macéré dans un élixir rare, -
Que j'y plongeai mes dents avec avidité.

J'ai mangé du vertige et bu de la folie.
Et c'est pourquoi je traîne un corps débilité
Où ma jeunesse meurt dans ma force abolie.




Le mauvais jardinier



Dans les jardins d'hiver des fleuristes bizarres
Sèment furtivement des végétaux haineux,
Dont les tiges bientôt grouillent comme les noeuds
Des serpents assoupis aux bords boueux des mares.

Leurs redoutables fleurs, magnifiques et rares,
Où coulent de très lourds parfums vertigineux,
Ouvrent avec orgueil leurs vases vénéneux.
La mort s'épanouit dans leurs splendeurs barbares.

Leurs somptueux bouquets détruisent la santé
Et c'est pour en avoir trop aimé la beauté
Qu'on voit dans les palais languir les blanches reines.

Et moi, je vous ressemble, ô jardiniers pervers !
Dans les cerveaux hâtifs où j'ai jeté mes graines,
Je regarde fleurir les poisons de mes vers.



Peinture d' Arnold Böcklin (1827 - 1901)



LIMPIDITE

Publié le 31/03/2010 à 15:09 par arcaneslyriques
LIMPIDITE
Limpidité


De Victor De Laprade (1812-1883)



Il est des sources d'eau si bleue et si limpide,
Que rien n'en peut ternir la transparence humide ;
Que sur un noir limon leurs ondes de cristal
Roulent sans altérer l'azur du flot natal ;
Qu'à travers les débris qui sur leurs bords s'amassent,
Elles savent choisir les fleurs lorsqu'elles passent,
Et que, vierges encor de toute impureté,
L'Océan les reçoit dans son immensité.
Près d'elles l'ombre est douce aux affligés ; près d'elles
Les oiseaux chantent mieux, les plantes sont plus belles ;
Près d'elles, au matin, les femmes vont s'asseoir
Pour nouer leurs cheveux devant un clair miroir.


Il est des âmes qui, dans nos sentiers de fange,
Glissent sans y tacher leur blanche robe d'ange.
Sans laisser, comme nous, se prendre à chaque pas
Une sainte croyance aux ronces d'ici-bas ;
Des coeurs qui restent purs quand l'ennui les traverse,
Qui gardent leur amour dans la fortune adverse.
L'air vicié du monde en passant autour d'eux
Se charge de parfums ; et, comme des flots bleus,
Sans entraîner un grain de nos terres infâmes,
Ils coulent en chantant vers l'océan des âmes.



Devant la grille du cimetière

Publié le 13/03/2010 à 15:48 par arcaneslyriques
Devant la grille du cimetière
Devant la grille du cimetière


d'Alfred Garneau (1836-1904)


La tristesse des lieux sourit, l'heure est exquise.
Le couchant s'est chargé des dernières couleurs,
Et devant les tombeaux, que l'ombre idéalise,
Un grand souffle mourant soulève encor les fleurs.


Salut, vallon sacré, notre terre promise !...
Les chemins sous les ifs, que peuplent les pâleurs
Des marbres, sont muets ; dans le fond, une église
Monte son dôme sombre au milieu des rougeurs.


La lumière au-dessus plane longtemps vermeille...
Sa bêche sur l'épaule, entre les arbres noirs,
Le fossoyeur repasse, il voit la croix qui veille,


Et de loin, comme il fait sans doute tous les soirs,
Cet homme la salue avec un geste immense...
Un chant très doux d'oiseau vole dans le silence.


Peinture : Caspar David Friedrich (1774-1840)




LE REVE DE LA VIE

Publié le 10/02/2010 à 20:00 par arcaneslyriques
LE REVE DE LA VIE
Le rêve de la vie

De Louis Honoré Fréchette ( 1839-1908)



A vingt ans, poète aux abois,
Quand revenait la saison rose,
J'allais promener sous les bois
Mon coeur morose.


A la brise jetant, hélas !
Le doux nom de quelque infidèle,
Je respirais les frais lilas
En rêvant d'elle.


Toujours friand d'illusions,
Mon coeur, que tout amour transporte,
Plus tard à d'autres visions
Ouvrit sa porte.


La gloire sylphe décevant
Si prompt à fuir à tire-d'aile,
A son tour m'a surpris souvent
A rêver d'elle.


Mais maintenant que j'ai vieilli,
Je ne crois plus à ces mensonges ;
Mon pauvre coeur plus recueilli
A d'autres songes.


Une autre vie est là pour nous,
Ouverte à toute âme fidèle:
Bien tard, hélas ! à deux genoux,
Je rêve d'elle !



Peinture : DREVET Marie Angélique (1852- ?)



VOIX ETEINTE

Publié le 20/01/2010 à 18:48 par arcaneslyriques
VOIX ETEINTE
Voix éteinte


De François FABIÉ (1846-1928)


Elle perdit d'abord et par degrés sa voix
Qu'elle avait chaude et grave, émue et pénétrante
Comme la voix du loriot au fond des bois...
En l'écoutant chanter pour ses amis, parfois,
Même quand nul encor ne la savait souffrante,
Je me sentis le coeur traversé du soupçon
Qu'elle leur donnait trop de son âme vibrante,
Que son air s'achevait en un furtif frisson,
Et que le luth un jour plierait sous la chanson.


Et soudain, confirmant et dépassant mes craintes,
Un mal lâche et sournois la saisit au gosier,
Comme pour empêcher ses plaintes,
Et l'étouffa sous ses étreintes
Tel un serpent un rossignol dans un rosier...


Oh ! qninze mois entiers l'angoissante torture
D'entendre s'enrouer, tousser, tousser encor,
Tousser d'une toux rauque et suffocante et dure
La gorge d'où longtemps avaient pris leur essor
Tant de beaux chants à l'aile d'or !
Chaque matin sentir plus sourde sa parole,
Et ses efforts plus grands, plus vains, plus anxieux
Pour l'appel qui supplie ou le mot qui console
La pauvre mère qui s'affole...
Puis ne plus rien entendre d'Elle - que ses yeux !


La douce enfant, si bien douée et si peu fière
De tous ses autres dons, aimait pourtant celui
Par qui son âme tout entière
S'unissait à l'âme d'autrui :
Elle pleurait sa voix d'amour et de lumière,
Sans se douter encor que la Mort la voulait
Toute, et qu'avec sa voix son âme s'en allait...


Ô chère voix qui ne vis plus qu'en notre oreille ;
Voix qui faisais jadis notre maison pareille
A la ruche joyeuse et vibrante sans fin ;
Voix tendre et si prenante, archet vraiment divin
Qui passais sur les coeurs, et jamais, ô merveille,
Ne les sollicitais en vain ;


Maintenant que dans l'air tu t'es évanouie,
Perdue, - ou bien plutôt, puisque rien ne se perd,
Très loin, très loin de nous à tout jamais enfuie,
Sans doute entrée au vaste et sublime concert
Où pour l'éternité Dieu fait ses symphonies
Avec toutes nos voix dans son amour unies,
- Ma voix de vieux poète aux destins révolus
Gémira sur le tien, mais ne chantera plus.



Peinture : Edvard Munch (1863-1944)


FANTAISIE

Publié le 06/01/2010 à 17:12 par arcaneslyriques
FANTAISIE
Fantaisie

De Charles GILL (1871-1918)


Voici les jours où les pommiers
S'éveillent dans leur neige rose ;
L'aube des soleils printaniers
Caresse la splendeur des roses ;
L'azur immaculé des cieux,
Par l'onde calme est reflété...
Et les beaux oiseaux amoureux
Vont chanter.


Voici les soirs où le verglas
Alourdit la grâce des branches :
La tige souple des lilas
Sous le fardeau tristement penche ;
Dans l'air glacial et brumeux
On entend l'aquilon gémir...
Et les petits oiseaux frileux
Vont souffrir.


Voici les nuits où l'ombre éteint
Tout ce qui brille sur la terre ;
L'aile de l'aveugle destin
Palpite dans le noir mystère.
Quand sonne l'heure des adieux,
Le même sort vient tout flétrir...
Et les oiseaux mélodieux
Vont mourir.


Peinture d' Armand Charnay (1844-1916)




POEMES DE JOHN KEATS

Publié le 23/12/2009 à 14:51 par arcaneslyriques
POEMES DE JOHN KEATS
Poèmes de John Keats (1795-1821 )



Cette main vivante, à présent chaude et capable

D’ardentes étreintes, si elle était froide

Et plongée dans le silence glacé de la tombe,

Elle hanterait tes journées et refroidirait tes nuits rêveuses

Tant et tant que tu souhaiterais voir ton propre cœur s’assécher de son sang

Pour que dans mes veines coule à nouveau le flot rouge de la vie,

Et que le calme revienne dans ta conscience – regarde, la voici, –

Je te la tends.



Hypérion

Extrait du livre premier


Tout au fond de la tristesse d'une obscure vallée,
Dans une retraite éloignée de la brise vivifiante du matin,
Loin de l'ardent midi et de l'étoile solitaire du soir,
Etait assis Saturne aux cheveux gris, immobile comme un roc,
Aussi muet que le silence planant autour de son repaire ;
Forêts sur forêts s'inclinaient autour de sa tête
Comme nuées sur nuées. Aucun souffle dans l'air,
Pas même autant de vie qu'il n'en faut un jour d'été,
Pour faire envoler de l'herbe effilée la graine la plus légère ;
Où la feuille morte tombait, là elle demeurait.
Un ruisseau coulait à côté sans voix, dont le susurrement était encore assourdi
Par respect pour la divinité déchue
Qui projetait une ombre sur lui : une Naïade parmi ses roseaux
Pressait son doigt humide appuyé sur ses lèvres.


Le long du sable de la rive, de larges empreintes étaient marquées,
Aussi loin que les pieds du dieu avaient marché,
Puis s'étaient fiés là. Sur le sol détrempé
Sa main droite ridée reposait inerte, nonchalante, morte,
Privée de son sceptre ; et ses yeux de souverain détrôné étaient clos ;
Tandis que sa tête penchée semblait écouter la terre
Son antique mère, attendant d'elle quelque consolation encore.


Il semblait qu'aucune force ne pût le faire mouvoir de sa place ;
Cependant vint là quelqu'un, qui d'une main familière
Toucha ses vastes épaules, après s’être courbé très bas
Avec déférence, quoique ce fût pour quelqu'un qui ne la connaissait plus.
C'était une déesse du monde à son enfance ;
Auprès d'elle la stature de l'énorme Amazone
Aurait paru de la taille d'un pygmée : elle eût saisi
Achille par la chevelure et lui eût ployé le cou,
Ou, d'un doigt, eût arrêté la roue d'Ixion.
Sa face était grande comme celle du Sphinx de Memphis,
Hissée sur quelque piédestal dans la cour d'un palais,
Lorsque les sages étudiaient 1'Egypte pour s’instruire.
Mais, oh ! comme cette figure différait du marbre !
Quelle beauté ! si la tristesse n'avait pas rendu
La tristesse plus belle que la Beauté elle-même !
Il y avait dans son regard une crainte aux aguets,
Comme si le malheur venait seulement de la frapper :
Comme si les nuages, avant-gardes des jours néfastes.
Avaient épuisé leurs maléfices et les arrière-gardes acharnées
Allaient amasser péniblement leurs provisions de tonnerres.
D'une main elle pressait le point douloureux
Où bat le cœur humain, comme si juste là
Quoique immortelle, elle ressentait une cruelle souffrance :
L'autre main sur le cou penché de Saturne
Était appuyée, et au niveau de son oreille
Tendant ses lèvres ouvertes, elle proféra quelques mots
D'un ton solennel, avec la sonorité profonde de l'orgue :
Quelques mots désespérés qui dans notre faible Iangue
Se traduiraient à peu prés en ces ternes – O combien frêles
En comparaison de la puissante voix des Dieux primitifs ! –
« Saturne, relève la tête ! Cependant pourquoi. Pauvre vieux Roi ?
Car je n'ai pas de Consolation pour toi, non, je n'en ai pas :
Je ne peux pas dire : Oh pourquoi dors-tu ?
Puisque le ciel s'est séparé de toi, et que la terre
Ne te reconnaît plus, dans cette affliction, pour un Dieu :
L'Océan, aussi, avec son bruit solennel,
A rejeté ton sceptre, et toute l'atmosphère
Est vide de ta majesté surannée.
Ta foudre, sachant qui commande maintenant,
Gronde contrainte au-dessus de notre demeure en ruine,
Et ton éclair éblouissant entre des mains inexpérimentées
Dévaste et brûle notre domaine autrefois paisible.
Ô douloureuse époque ! Ô minutes longues comme des années !
Tout, pendant que vous passez, accroit la monstrueuse vérité,
Et comprime tellement nos horribles angoisses
Que l'incrédulité n'a plus de champ pour respirer.
Saturne, continue à dormir – Oh ? pourquoi, étourdiment ai-je ainsi
Violé ton sommeil solitaire ?
Pourquoi ai-je rouvert tes yeux mélancoliques ?
Saturne, continue à dormir ! tandis qu’à tes pieds je pleure ! »