A propos de ce blog


Nom du blog :
arcaneslyriques
Description du blog :
Cercle littéraire "Arcanes Lyriques" retranscription des réunions.
Catégorie :
Blog Littérature
Date de création :
13.07.2007
Dernière mise à jour :
16.11.2011

RSS

Rubriques

>> Toutes les rubriques <<
· Dossiers (9)
· Contes (4)
· Mythes et Légendes (12)
· Critiques de livres (53)
· Poèmes d'auteurs classiques (65)
· Art pictural et illustration (7)
· Poèmes de nos membres (16)
· Mystères et Enigmes (4)
· Nouvelles d'auteurs classiques (20)
· Cinéma (3)

Navigation

Accueil
Gérer mon blog
Créer un blog
Livre d'or arcaneslyriques
Contactez-moi !
Faites passer mon Blog !

Articles les plus lus

· Le Romantisme littéraire
· CONTE DE BARBE BLEUE - Explications et Analyse
· La tuberculose, maladie romantique du 19ème siècle
· LE CORBEAU
· Des fleurs pour Algernon

· LA FEMME NUE DES PYRENEES
· LE PHENIX
· LE BARON PERCHE
· POEMES DE JOHN KEATS
· CHARON, passeur d'âmes
· La nuit de décembre
· LA MOLDAU
· LE CORBEAU D'EDGAR ALLAN POE
· CARLOS SCHWABE - La Mort du fossoyeur
· LE GOLEM

Voir plus 

Statistiques 209 articles


Derniers commentaires

bonsoir à tous j'ai rêver d'un phoenix rouge qui lâche une bombe atomique dans la mer provocant un tsunami. j'
Par Samba, le 19.04.2025

puisque j'ai mis ma ***** sur tes lèvres
Par Anonyme, le 11.05.2024

puisque j'ai mis ma **** sur tes lèvres
Par Anonyme, le 11.05.2024

que dire de plus un jour peut-être il nous refera un album c'est un poète magnifique sensible j'aime beaucoup
Par Anonyme, le 22.03.2024

merci j'ai beaucoup aimé votre résumé grâce à vous j'ai compris l'histoire en 3minute au lieu de 5h de lecture
Par Anonyme, le 09.01.2023

Voir plus

RSS
Recherche

Poèmes d'auteurs classiques

MADAME PUTIPHAR

Publié le 21/01/2009 à 12:00 par arcaneslyriques
MADAME PUTIPHAR
Pétrus Borel (1809-1859)

Il publie en 1831 son premier livre, Rhapsodies, un recueil de poèmes où il se déclare « lycanthrope ». il fait paraître aussi des œuvres romanesques, Champavert, Contes immoraux (1833), Madame Putiphar (1839).

Prologue de Madame Putiphar


Une douleur renaît pour une évanouie ;
Quand un chagrin s’éteint, c’est qu’un autre est éclos
La vie est une ronce aux pleurs épanouie.
Dans ma poitrine sombre, ainsi qu’en un champ clos,
Trois braves cavaliers se heurtent sans relâche,
Et ces trois cavaliers, à mon être incarnés,
Se disputent mon être, et sous leurs coups de hache
Ma nature gémit ; mais sur ces acharnés,
Mes plaintes ont l’effet des trompes, des timbales,
Qui soûlent de leurs sons le plus morne soldat,
Et le jettent joyeux sous la grêle des balles,
Lui versant dans le cœur la rage du combat.


Le dernier combattant, le cavalier sonore,
Le spectre froid, le gnome aux filets de pêcheur
Celui que je caresse et qu’en secret j’honore,
Niveleur éternel, implacable faucheur,
C’est la mort, le néant…D’une voix souterraine,
Il m’appelle sans cesse : « enfant descends chez moi ;
Enfant, plonge en mon sein, car la douleur est reine
De la terre maudite, et l’opprobre en est roi !
Viens, redescends chez moi, viens replonge en la fange.
Chrysalide, éphémère, ombre, velléité !
Viens plus tôt que plus tard, sans oubli je vendange
Un par un les raisins du cep Humanité,
Avant que le pilon pesant de la souffrance
T’ait trituré le cœur, souffle sur ton flambeau ;
Notre-Dame de liesse et de la Délivrance,
C’est la mort ! Chanaan promis, c’est le tombeau !
Qu’attends-tu, que veux-tu ?…Ne crois pas au langage
Du cloître suborneur, non plutôt crois au mien ;
Tu ne sais pas, enfant, combien le cloître engage !
Il promet le repos ; ce n’est qu’un bohémien
Qui ment, qui vous engeôle, et vous met dans sa nasse !
L’homme y demeure en proie à ses obsessions.
Sous le vent du désert il n’est pas de bonace ;
Il attise à loisir le feu des passions.
Au cloître, écoute-moi, tu n’es plus idoine
Qu’au monde, crains ses airs de repos mensongers ;
Crains les satyriasis affreux de Saint-Antoine ;
Crains les tentations, les remords, les dangers,
les assauts de la chair et les chutes de l’âme.
Sous le vent du désert tes désirs flamberont ;
La solitude étreint, torture, brise, enflamme ;
Dans des maux inouïs tes sens retomberont !
Il n’est de bonheur vrai, de repos qu’en la fosse :
Sur la terre on est mal, sous la terre on est bien ;
Là, nul plaisir rongeur ; là, nulle amitié fausse ;
Là, point d’ambition, point d’espoir déçu…Rien !…
Là, rien, le néant ! Une absence, une foudre
Morte, une mer sans fond, un vide sans écho !
Viens, te dis-je ! A ma voix tu crouleras en poudre
Comme aux sons des buccins les murs de Jéricho ! »


Illustration : John Howe




LA JEUNE MORTE

Publié le 02/01/2009 à 12:00 par arcaneslyriques
LA JEUNE MORTE
LA JEUNE MORTE

De José Maria De Heredia (1842-1905)


Qui que tu sois, Vivant, passe vite parmi
L’herbe du tertre où gît ma cendre inconsolée ;
Ne foule point les fleurs de l’humble mausolée
D’où j’écoute ramper le lierre et la fourmi.


Tu t’arrêtes ? Un chant de colombe a gémi…
Non ! qu’elle ne soit pas sur ma tombe immolée !
Si tu veux m’être cher, donne-lui la volée.
La vie est si douce, ah ! Laisse-la vivre, ami.


Le sais-tu ? Sous le myrte enguirlandant la porte,
Epouse et vierge, au seuil nuptial, je suis morte,
Si proche et déjà loin de celui que j’aimais.


Mes yeux se sont fermés à la lumière heureuse,
Et maintenant j’habite, hélas ! et pour jamais,
L’inexorable Erèbe et la Nuit Ténébreuse.


Illustration : Moonchild-Ljilja



SONNET

Publié le 05/11/2008 à 12:00 par arcaneslyriques
SONNET
SONNET

De Félix Arvers (1806-1850)


Mon âme a son secret, ma vie a son mystère,
Un amour éternel en un moment conçu :
Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire,
Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su.


Hélas ! J’aurai passé près d'elle inaperçu,
Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire.
Et j'aurai jusqu'au bout fait mon temps sur la terre,
N'osant rien demander et n'ayant rien reçu.


Pour elle, quoique Dieu l'ait faite douce et tendre,
Elle suit son chemin, distraite et sans entendre
Ce murmure d'amour élevé sur ses pas.


À l'austère devoir, pieusement fidèle,
Elle dira, lisant ces vers tout remplis d'elle
" Quelle est donc cette femme ? " Et ne comprendra pas.


Illustration : Linda Bergkvist



INVOCATION A LA LUNE

Publié le 29/10/2008 à 12:00 par arcaneslyriques
INVOCATION A LA LUNE
Invocation à la lune


De Pierre BAOUR-LORMIAN (1770-1854)


Ainsi qu'une jeune beauté
Silencieuse et solitaire,
Des flancs du nuage argenté
La lune sort avec mystère.

Fille aimable du ciel, à pas lents et sans bruit,
Tu glisses dans les airs où brille ta couronne,
Et ton passage s'environne
Du cortège pompeux des soleils de la nuit.

Que fais-tu loin de nous, quand l'aube blanchissante
Efface à nos yeux attristés
Ton sourire charmant et tes molles clartés ?
Vas-tu, comme Ossian, plaintive, gémissante,
Dans l'asile de la douleur
Ensevelir ta beauté languissante ?

Fille aimable du ciel, connais-tu le malheur ?
Maintenant revêtu de toute sa lumière,
Ton char voluptueux roule au-dessus des monts :
Prolonge, s'il se peut, le cours de ta carrière,
Et verse sur les mers tes paisibles rayons.





IL EST SI TARD

Publié le 15/10/2008 à 12:00 par arcaneslyriques
IL EST SI TARD
Il est si tard...

De Charles GUÉRIN (1873-1907)


Il est si tard, il fait, cette nuit de novembre,
Si triste dans mon coeur et si froid dans la chambre
Où je marche d'un pas âpre, le front baissé,
Arrêtant les sanglots sur mes lèvres, poussé
Par les ressorts secrets et rudes de mon âme !

La maison dort d'un grand sommeil, l'âtre est sans flamme ;
Sur ma table une cire agonise. Et l'amour,
Qui m'avait, tendre espoir, caressé tout le jour,
L'amour revient, armé de lanières cruelles,
Lacérer l'insensé qu'il berçait dans ses ailes.

Ô poète ! peseur de mots, orfèvre vain,
Ton vieil orgueil d'esprit succombe au mal divin !
Tu rejettes ton dur manteau de pierreries,
Et déchirant ton sein de tes ongles, tu cries
Ton immense fureur d'aimer et d'être aimé.

Et jusqu'à l'aube, auprès d'un flambeau consumé,
Et promenant ta main incertaine et glacée
A travers les outils qui servaient ta pensée,
Dans le silence noir et nu, pauvre homme amer,
Tu pleures sur ton coeur stérile et sur ta chair.



Illustration : Alchemy Gothic


L'INVISIBLE LIEN

Publié le 08/10/2008 à 12:00 par arcaneslyriques
L'INVISIBLE LIEN
L'invisible lien

Léon DIERX (1838-1912)

L'invisible lien, partout dans la nature,
Va des sens à l'esprit et des âmes aux corps ;
Le choeur universel veut de la créature
Le soupir des vaincus ou l'insulte des forts.

L'invisible lien va des êtres aux choses,
Unissant à jamais ces ennemis mortels,
Qui, dans l'anxiété de leurs métamorphoses,
S'observent de regards craintifs ou solennels.

L'invisible lien, dans les ténèbres denses,
Dans le scintillement lumineux des couleurs,
Eveille les rapports et les correspondances
De l'espoir au regret, et du sourire aux pleurs.

L'invisible lien, des racines aux sèves,
Des sèves aux parfums, et des parfums aux sons,
Monte, et fait sourdre en nous les sources de nos rêves
Parfois pleins de sanglots et parfois de chansons.

L'invisible lien, de la terre aux étoiles,
Porte le bruit des bois, des champs et de la mer,
Léger comme les coeurs purs de honte et sans voiles,
Profond comme les coeurs pleins des feux de l'enfer.

L'invisible lien, de la mort à la vie,
Fait refluer sans cesse, avec le long passé,
La séculaire angoisse en notre âme assouvie
Et l'amour du néant malgré tout repoussé.



Illustration : Anna Hutchings






LA RONDE DU REMORDS

Publié le 01/10/2008 à 12:00 par arcaneslyriques
LA RONDE DU REMORDS
La ronde du remords

D' Émile GOUDEAU (1849-1906)


Je sortais d'une orgie âcre et stupéfiante
Où ma raison avait brûlé comme un sarment ;
Plus lourde que le plomb, l'atmosphère ambiante
Faisait craquer mes os tordus d'accablement.
La fièvre secouait les cloisons de ma tempe,
Et dans le cercle blanc et rouge de la lampe
L'horreur des visions tournait cruellement.

Des parfums féminins se mêlaient dans la chambre
A l'arôme troublant des cigares fumés :
Vagues parfums d'iris, d'ylang-ylang et d'ambre,
Et de grains de sérail autrefois consumés.
Mon oreille tintait aux souvenirs d'orgie,
Et le marteau d'acier de la céphalalgie
Poussait dans mon cerveau des rêves innomés.

Ma chair était meurtrie, et mon âme si lasse,
Et par le spleen mon coeur tellement angoissé,
Que je tombai dans un fauteuil, près de la glace,
Pour me revoir comme un ami trop délaissé.
Et je me regardais de la sorte, moi-même.
La glace m'envoya mon image si blême,
Qu'on aurait dit un spectre affreux de trépassé.

Tout à coup, une voix terrible, intérieure,
Fit retentir mes nerfs, et, sortant malgré moi
De ma bouche fermée, elle emplit ma demeure
D'un cri lugubre, et j'eus peur sans savoir pourquoi.
La voix disait avec un rire métallique :
" Voici tes gueux ! Voici tes morts ! Voici ta clique ! "
" Maudit ! Vois tes remords qui passent devant toi ! "

Dans la glace ils marchaient, les uns après les autres,
Tous les actes mauvais et louches, le front bas,
Mâchonnant dans leurs dents d'obscènes patenôtres ;
Et leur procession avançait pas à pas.
Derrière eux, les secrets calculs, les vilenies
Que tu fuis, ô mon coeur, et qu'en vain tu renies,
Comme des nains bossus agitaient de grands bras.

D'autres, parmi le bruit et parmi les huées,
Ivres, et revêtus d'habits de croque-morts,
Portaient des cercueils pleins d'illusions tuées
Dont je ne reverrai les âmes ni les corps.
Que de rêves défunts d'héroïsme ou de gloire,
Quels cadavres d'amours souillés de fange noire
Ont roulé sous les pieds des spectres du Remords !

Puis tous les nains bossus et tous les gueux immondes,
Avec la joie atroce et funèbre du Mal,
Autour de ces débris commencèrent des rondes
Que guidait invisible un orchestre infernal.
Et dans le tourbillon je ne sais qui m'entraîne
Hurrah ! C'est la Saint-Guy, la tarentelle obscène,
Et je danse avec eux le ballet bacchanal.

Sombre nuit, où je vis tant de hontes recluses
Sortir du passé pour m'offrir leur nudité ;
Où le torrent jeta par-dessus ses écluses
La fange de mon coeur et son iniquité...
Hélas ! Quand le soleil, cognant à ma fenêtre,
M'éveilla, je compris que, la veille peut-être,
Le fleuve où j'avais bu n'était pas le Léthé.


Illustration de Socar Myles.



JARDINS DE NOVEMBRE

Publié le 30/07/2008 à 12:00 par arcaneslyriques
JARDINS DE NOVEMBRE
JARDINS DE NOVEMBRE


De Louis Chadourne (1890-1925)


La brume s'échevèle au détour des allées,
Un souvenir épars s'attarde et se recueille,
Il flotte une douceur de choses en allées
Un songe glisse en nous, comme un pas sur les feuilles.

Les jardins de Novembre accueillent vos amours,
Ô jeunesse pensive, Ô saison dissolvante,
Les grands jardins mélancoliques et qui sentent
La fin, la pluie - odeurs humides de l'air lourd,
De choses mortes qui retournent à la terre.

Iris mauves aux parfums âcres, aux tiges pâles,
Ployés un peu, et qui se fanent, solitaires,
Et laissent tristement pendre leurs longs pétales
Transparents, trop veinés, trop fins - comme une lèvre
Dont les baisers ont bu le sang et la tiédeur

Cherche encore une bouche où poser sa langueur.
Le grand jardin brumeux sommeille. Sourde fièvre
Ô parfums trop aigus des iris et des roses
Flétris - parfums et mort - serre chaude d'odeurs.

Tout l'univers mourant qui s'épuise en senteurs
Et puis dans la tristesse odorante des choses
Effeuillant, inclinant, chaque fleur du jardin
D'un battement furtif, égal et doux, se pose
L'aile silencieuse et lasse du déclin.



Illustration : Socar Myles

L'HABITUDE

Publié le 16/07/2008 à 12:00 par arcaneslyriques
L'HABITUDE
L'habitude

D’Auguste Angellier (1848-1911)

La tranquille habitude aux mains silencieuses
Panse, de jour en jour, nos plus grandes blessures ;
Elle met sur nos cœurs ses bandelettes sûres
Et leur verse sans fin ses huiles oublieuses ;

Les plus nobles chagrins, qui voudraient se défendre,
Désireux de durer pour l'amour qu'ils contiennent,
Sentent le besoin cher et dont ils s'entretiennent
Devenir, malgré eux, moins farouche et plus tendre ;

Et, chaque jour, les mains endormeuses et douces,
Les insensibles mains de la lente Habitude,
Resserrent un peu plus l'étrange quiétude
Où le mal assoupi se soumet et s'émousse ;

Et du même toucher dont elle endort la peine,
Du même frôlement délicat qui repasse
Toujours, elle délustre, elle éteint, elle efface,
Comme un reflet, dans un miroir, sous une haleine,

Les gestes, le sourire et le visage même
Dont la présence était divine et meurtrière ;
Ils pâlissent couverts d'une fine poussière ;
La source des regrets devient voilée et blême.

A chaque heure apaisant la souffrance amollie,
Otant de leur éclat aux voluptés perdues,
Elle rapproche ainsi de ses mains assidues,
Le passé du présent, et les réconcilie ;

La douleur s'amoindrit pour de moindres délices ;
La blessure adoucie et calme se referme ;
Et les hauts désespoirs, qui se voulaient sans terme,
Se sentent lentement changés en cicatrices ;

Et celui qui chérit sa sombre inquiétude.
Qui verserait des pleurs sur sa douleur dissoute,
Plus que tous les tourments et les cris vous redoute,
Silencieuses mains de la lente Habitude.





LE SOIR

Publié le 09/07/2008 à 12:00 par arcaneslyriques
LE SOIR
Le soir

De Rémy De Gourmont (1858-1915)


Heure incertaine, heure charmante et triste : les roses
Ont un sourire si grave et nous disent des choses
Si tendres que nos coeurs en sont tout embaumés ;
Le jour est pâle ainsi qu'une femme oubliée,
La nuit a la douceur des amours qui commencent,
L'air est rempli de songes et de métamorphoses ;
Couchée dans l'herbe pure des divines prairies,
Lasse et ses beaux yeux bleus déjà presque endormis,
La vie offre ses lèvres aux baisers du silence.

Heure incertaine, heure charmante et triste : des voiles
Se promènent à travers les naissantes étoiles
Et leurs ailes se gonflent, amoureuses et timides,
Sous le vent qui les porte aux rives d'Atlantide ;
Une lueur d'amour s'allume comme un adieu
À la croix des clochers qui semblent tout en feu
Et à la cime hautaine et frêle des peupliers :
Le jour est pâle ainsi qu'une femme oubliée
Qui peigne à la fenêtre lentement ses cheveux.

Heure incertaine, heure charmante et triste : les heures
Meurent quand ton parfum, fraîche et dernière fleur,
Épanche sur le monde sa candeur et sa grâce :
La lumière se trouble et s'enfuit dans l'espace,
Un frisson lent descend dans la chair de la terre,
Les arbres sont pareils à des anges en prière.
Oh ! reste, heure dernière ! Restez, fleurs de la vie !
Ouvrez vos beaux yeux bleus déjà presque endormis...

Heure incertaine, heure charmante et triste : les femmes
Laissent dans leurs regards voir un peu de leur âme ;
Le soir a la douceur des amours qui commencent.
Ô profondes amours, blanches filles de l'absence,
Aimez l'heure dont l'oeil est grave et dont la main
Est pleine des parfums qu'on sentira demain ;
Aimez l'heure incertaine où la mort se promène,
Où la vie, fatiguée d'une journée humaine,
Entend chanter enfin, tout au fond du silence,
L'heure des songes légers, l'heure des indolences !