QUID DE LA FANTASY ?
le travail qui vous est présenté s’inscrit dans la continuité de l'événement qui s’est déroulé à la bibliothèque François Rabelais en 2003 à propos de l’Heroic Fantasy. Le but est de vous faire découvrir ou redécouvrir un genre méconnu ou mal connu qui est, contre toute attente, bien plus ancien que vous ne le pensez…
Malgré les apparences, le terme anglo-saxon «Fantasy» n’est pas récent. Même si il ne figure pas dans les dictionnaires et qu’il est à la mode en ce moment avec les sorties cinématographique comme Le Seigneur des Anneaux ou Le monde de Narnia, ce terme est ancien. On peut dire que la naissance officielle de la Fantasy remonte à 1924 avec la publication de La fille du roi des Elfes par Lord Dunsany et que le genre sera définitivement ancré dans la littérature en 1937 avec la sortie de Bilbo le Hobbit par J.R.R Tolkien. Cependant, on peut faire remonter les origines de ce genre encore bien plus loin. On retrouve ses traces dès l’antiquité ou encore dans les romans merveilleux du Moyen-âge. En effet, la Fantasy s'inspire en premier lieu de tous les mythes et légendes qui ont forgés notre histoire culturelle. Les elfes, les korrigans, les trolls ou les dragons que nous rencontrons dans les histoires de Fantasy sont inspirés de nos traditions et de nos mythes. On retrouve également l’inspiration des chansons de geste et des veillées du Moyen-âge.
Les mythes arthuriens, celtes, nordiques ou gréco-romains ont ainsi été des éléments déclencheurs d’histoires de Fantasy. On retrouve souvent des mythes comme ceux de Prométhée ou de Pandore comme on découvre des personnages ressemblant à Odin ou Cúchulain. Arthur et ses chevalier ne sont pas en reste avec les évocations de quêtes sacrées et d’épées aux pouvoirs étonnants comme ceux d’Excalibur.
Ce qui caractérise un roman, un écrit de Fantasy, c’est sa part de merveilleux. Il n’y a, bien sûr, pas de définition précise car c'est un genre qui possède une multitude de sous-catégories. Toutefois, c’est toujours une littérature de l’imaginaire, de l’impossible rendu possible par les tours habiles que l’auteur utilise pour nous faire oublier notre réalité. On entre dans un monde entièrement inventé par son créateur pour y abandonner tout ce que l’on connaît de notre monde réel. L’écrivain nous présente un univers plein de magie, de créatures mythiques et d’aventures sans nous expliquer concrètement la présence de tous ces éléments improbables. Pourtant, le lecteur doit accepter ces nouveaux éléments pour pénétrer de plein pied dans l’aventure qui se prépare page après page. Lire de la Fantasy, c’est mettre de côté son incrédulité pour se laisser aller à la rêverie et au «fantasme» au sens premier du terme.
L’origine du terme «Fantasy» n’est pas attestée mais, deux sources étymologiques, latine : phantasma et grecque : phantasia se disputent sa naissance. Phantasma signifiait au départ illusion, et qu’est-ce qu’un écrit de Fantasy si ce n’est une illusion écrite ? Quant à phantasia, la source étymologique la plus probable, cela voulait dire apparence, image, perception ou encore imagination. La Fantasy est, comme dit précédemment, l’écrit de l’imaginaire où l’écrivain se joue des perceptions du lecteur…
Les mondes parallèles, comme Narnia ou Gaelia pour La Moira, présentés dans cette littérature participent d'une créance secondaire. Il faut comprendre que, pour mettre en place un monde de Fantasy l’auteur prend en compte deux facteurs : un monde premier et un monde secondaire. Le monde premier et celui que nous connaissons, c’est celui où nous vivons et travaillons tous les jours. Le monde secondaire est celui crée de toute pièce par l’auteur comme la Terre du Milieu par exemple. À partir de là, l’écrivain décide de commencer son histoire dans notre monde premier pour intégrer ensuite le monde secondaire grâce à un élément merveilleux, une armoire qui s’ouvre sur un autre univers pour Narnia ou un train qui conduit vers un monde parallèle pour Harry Potter, ou alors, il décide de nous plonger tout de suite dans un monde secondaire, entièrement détaché du notre pour favoriser plus rapidement notre capacité à oublier la réalité afin que nous intégrions sans sourciller les éléments improbables qui sont présents dans l’histoire.
C’est là que réside le principe de base de la Fantasy, faire que le lecteur accepte l’improbable, l’inimaginable, sans se poser la question de savoir comment ça marche. C’est une invention fictionnelle poussée à son maximum pour parer à toute incrédulité de la part du lecteur.
C’est en cela que la Fantasy diffère de la Science-fiction ou du Fantastique. La science-fiction présente des événements qui n’ont pas forcément lieu dans des endroits autres que le notre. Il peut y avoir des écarts temporels importants ou un voyage spatial mais pas d’immersion totale dans un monde où le merveilleux domine. Les éléments instillés dans les ouvrages de science-fiction et qui font toute la différence sont des objets scientifiques et technologiques dont la présence ou la création peuvent parfaitement être expliquées et compréhensibles par le lecteur. Les récits de science-fiction sont souvent basés sur une extrapolation de découvertes scientifiques qui sont reprises et utilisées dans une trame fictionnelle sophistiquée mais qui ne remets pas en cause le sentiment de réalité que peut ressentir le lecteur. Ce n’est pas l’avènement de l’impossible mais une sorte de manipulation compréhensible de la science.
En ce qui concerne le Fantastique, c’est encore autre chose. Le lecteur n’a pas besoin de découvrir un monde différent ou parallèle. Bien souvent, les actions d’un récit fantastique se déroule dans notre monde de tous les jours. Ce qui fait que le récit devient fantastique c'est l’intrusion d’un phénomène surnaturel, d’une créature, d’un monstre ou d’un objet sans explication rationnelle, le but étant, le plus souvent de susciter la peur du lecteur ou du moins de lui donner quelques frissons…
Ces deux genres n’ont finalement pas grand choses à voir avec celui qui nous concerne car, même si ils sont proches, leurs tenants et aboutissants sont différents. Il est vrai que, parfois, on peut retrouver un mélange de genre qui donne naissance à de la Science-Fantasy ou à de la Dark-Fantasy qui se rapproche du fantastique. Cependant, force est d’admettre que des écrits de nature fictionnels ne peuvent jamais être totalement dissociés.
De plus, la fantasy a cela de complexe qu’elle offre une multitude de sous-genres tous aussi variés. On retrouve la High Fantasy où l’auteur présente des personnages très détaillés, et dont le profil psychologique est complexe, on peut suivre leur quête et leur croissance intellectuelle au fil des pages. C’est le cas du Seigneur des Anneaux. L’Heroic Fantasy nous offre des héros plus stéréotypés comme Conan, un homme musclé, fort et sans peur qui bravera mille dangers pour tuer un dragons, trouver un trésors et sauver une belle dame en péril. Il y a également l'Escapist Fantasy ou Fantasy «échappatoire», comme le monde de Narnia, l’histoire débute dans notre monde où l’on découvre un portail, une porte qui s’ouvre sur un univers complètement différent. Ces exemples sont les genres les plus répandus dans la Fantasy et pourtant il en reste des dizaines à découvrir…
Ce qu’il faut savoir, c’est qu’à chaque fois qu’un auteur crée un univers de Fantasy, les personnages, les lieux et leur passé sont extrêmement développés, détaillés et complexes, ce qui explique les trilogies et sagas que l’on découvre sur les rayonnages de la bibliothèque. L’'écrivain attentionné prend soin, dans un monde secondaire, de décrire l’organisation sociale de chaque peuplade présentée et même de faire une description ethnologique des créatures que l’on rencontre au cours de l’aventure. Certains auteurs prennent même la peine de faire une cartographie de leur monde pour rendre leur univers plus réel encore. C’est aussi en cela que réside notre capacité à croire à ces lieux merveilleux qui existent sur le papier et qui sait ? Dans un monde lointain !
Convaincu ? non oui ? à vous de me le dire...
E.
Très instructif ! Une mise au point assez nécessaire pour s'y retrouver avec tous les ouvrages de fantasy qui connaissent le succès en ce moment... La Fantasy est ce qui s'apparenterait, pour réinvestir mes cours de français et éviter cet anglicisme dont découlent beaucoup d'autres notions un peu vagues encore pour moi, au "merveilleux". C'est le domaine notamment des contes et des légendes, pour prendre un exemple qui dénote un peu des "Harry Potter", "Narnia", "Eragon" du moment. J'ai suivi ?
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Bonne continuation!!!
L'explication du terme Fantasy par les mots phantasma (illusion) et phantasia (image) est intéressante et instructive. A mon sens, cependant, il n'est pas nécessaire de remonter aux racines grecques et latines du terme. Il suffit de se rappeller que l'anglais est issu pour une bonne part du français, en précisant qu'il s'agit bien du français parlé du temps de Guillaume le Conquérant. Or en ce temps-là, le terme le plus couramment utilisé pour désigner l'imaginaire (mot assez savant, qui avec imagination de ne furent employés que bie nplus tard) était le mot... fantaisie. Et en réalité, la graphie du mot fantaisie n'a été fixée en français qu'assez tard, sachant que pendant très longtemps la notion de "faute d'orthographe" n'était que très vague, sans compter que les régions qui pratiquaient alors la langue d'oil (d'où est issu grosso modo le français actuel) variaient allègrement dans l'orthographie des mots. Il est donc à parier que Guillaume le Conquérant écrivait "fantaisy" et non "fantaisie". Et même qu'il écrivait "fantasy" et non "fantaisie", le "a" ayant beaucoup varié en prononciation (a, è, é et même o). Et donc si notre Guillaume prononçait "a" comme un "è", il lui suffisait d'écrire "fantasy" pour que le mot se prononce "fann-tai-zi" (n'entront pas dans prononciation du "an" en "ann" et du "s" en "z", cela nous emmènerait trop loin.) Conclusion de tout ceci : De plein droit, la Fantasy est la littérature de l'Imaginaire !
Oui il y a bien du français dans la langue anglaise mais seulement à partir des invasions normandes... Les langues de base de l'anglais parlé actuellement font toujours partie de la racine indo-européenne mais ce sont les langues germaniques qui priment... J'en veux pour preuve le 's qui figure toujours le gérondif de l'allemand. Le latin ayant été largement utilisé en Angleterre durant les invasions barbares et bien entendu, romaine, il est a souligner que sont influence n'a pas été négligeable. Ces connaissances sont relatives à la linguistique diachronique. Un exemple d'influence nordique dans la langue anglaise ? Les jours de la semaine : Freya pour Friday (vendredi) Wotan pour wednesday (Mercredi) Deux divinités scandinaves...
Le français a surtout eu une influence majeure dans le vocabulaire culinaire. C'était la langue de la cour...
Merci monsieur Gerchambeau pour ces précisions à propos du terme fantasy !